Les différents stades du lymphœdème
L’évolution de la symptomatologie du lymphœdème se fait en 4 stades selon la classification établie par l’International Society of Lymphology. Ces différents stades visent à mesurer l’évolution de la maladie, à adapter son traitement et à éviter sa progression.
Les médecins ont l’habitude de classer le lymphœdème en fonction du volume du membre atteint, de la réaction de la peau au toucher, de la fibrose ou de la modification de texture de la peau. Ils attribuent ainsi au lymphœdème un stade variant de 0 à 3 et généralement exprimé en chiffre romain (0, I, II ou III)(1).
Le stade 0
C'est le stade « latent », ou « subclinique ». Malgré une circulation défectueuse de la lymphe, l'enflure n'est que peu ou pas visible. Si la maladie est asymptomatique dans la majorité des cas, certains patients peuvent ressentir une lourdeur du membre affecté, de légers picotements et de la fatigue. Ce stade peut durer durant des mois, voire des années, avant que l'œdème n'apparaisse(1).
Le stade I
A ce stade, dit « précoce », l’œdème est localisé sur un membre et est dit « spontanément réversible » : Le bras, tronc, sein, ou autre zone touchée apparaît légèrement gonflé. Le liquide, riche en protéines, commence à s'accumuler dans les tissus du membre atteint. En exerçant une pression avec le doigt, l’œdème peut garder une empreinte persistante : c’est le signe du godet. Bien qu’il ne soit pas systématique à ce stade, sa présence est vérifiée lors de l’examen clinique. A ce stade, le lymphœdème est encore réversible grâce à un traitement approprié, car la peau et les tissus ne sont pas endommagés de manière permanente. Le volume du membre atteint diminue lorsqu’on le surélève. L’œdème est indolore et présente généralement un excès de volume de moins de 20% par rapport au membre sain(1).
Le stade II
A ce stade « avancé », l’œdème, considéré comme « spontanément irréversible », est largement étendu et de manière permanente. Le membre atteint apparaît encore plus gonflé. L'enflure du membre ne régresse plus avec sa surélévation, et il ne garde généralement plus d'empreinte lorsqu'il est pressé avec le doigt (signe du godet négatif). Des plis, inflammations et modifications des tissus cutanés (épaississement) et sous-cutanés (durcissement) vont également apparaître. A ce stade, une augmentation de volume comprise entre 20 et 40% par rapport au membre sain est observée(1).
Dans le cas d’un lymphœdème du membre inférieur, si le pied est touché, le « signe de Stemmer Kaposi » sera l’un des moyens de diagnostiquer la maladie. Si en pinçant la face dorsale du deuxième orteil la peau à ce niveau est empâtée et impossible à plisser, l’examen est considéré comme positif.
Le risque d’infection est ici augmenté et favorise un stade III(1).
Le stade III
Ce stade, dit « sévère », est le plus avancé. L’œdème est « permanent et irréversible ». Aussi appelé « elephantiasis », ce stade est caractérisé par un membre particulièrement gros, gonflé et difforme. Cette évolution du lymphœdème s’accompagne de complications dermatologiques : la peau du membre est ferme, voire dure et ne réagit plus au toucher. Elle peut devenir foncée ou présenter des petites excroissances (papillomatose), des vésicules, et revêtir un aspect de « peau d’éléphant ». Le membre atteint présente un excès de volume généralement supérieur à 40% et une perte de mobilité importante. L’œdème ne garde plus l’empreinte du doigt : le signe du godet est négatif(1).
Pour toute autre question, demandez conseil à votre médecin.
Sources documentaires
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Rapport d'évaluation technologique : Lymphœdème et raideur de l’épaule après traitement d’un cancer du sein - Rapport d’évaluation – HAS, décembre 2012
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Lymphoedema Framework - Best Practice for the Management of Lymphoedema. International consensus. London: MEP Ltd, 2006.
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International Society of Lymphology. The diagnosis and treatment of peripheral lymphedema. Consensus Document of the International Society of Lymphology. Lymphology 2003;36:84-91
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Institut national d'excellence en santé et en services sociaux. Traitement du lymphœdème secondaire lié au cancer. ETMIS 2011;7(3).