Lipoedème vs lymphœdème
Causes et mécanismes sous-jacents, zones affectées, profil et nombre de personnes touchées, signes pathologiques associés, outils de diagnostic, stratégies de prise en charge…De nombreux points différencient ces deux pathologies pourtant très souvent confondues.
Dans les deux cas : des jambes qui gonflent…
C’est un fait : le lipoedème est très souvent confondu avec un lymphœdème primitif des membres inférieurs. En cause ? Un seul et même symptôme principal : une prise de volume très importante au niveau des jambes qui se mettent à gonfler. Toutefois, il existe des spécificités propres à chacune de ces deux pathologies des membres inférieurs…
Due à une répartition anormale du tissu graisseux aux causes encore mystérieuses, le lipoedème touche quasiment toujours les deux jambes, principalement au niveau des cuisses mais sa progression épargne les pieds. Généré par une accumulation anormale de lymphe encore non élucidée chez moins d’une personne sur 6 000, le lymphœdème s’attaque lui surtout aux pieds, puis aux chevilles et mollets… mais rarement sur les deux jambes à la fois.
…mais des spécificités propres à chaque pathologie
D’autres signes distinguent ces deux « faux frères ». Votre peau est souple mais vous fait mal quand on la pince, vos symptômes évoluent vers des ecchymoses et des signes d’insuffisance veineuse ? Pas de doute, c’est la signature d’un lipoedème, aucun de ces signes ne survenant dans le lymphœdème. En revanche, dans ce dernier, quand on pince la face dorsale du deuxième orteil, la peau à ce niveau est empâtée et impossible à plisser… C’est le fameux « signe de Stemmer » qui n’existe pas dans le lipoedème.
Et si besoin, il y a même un examen qui permet de lever le doute : la « lymphoscintigraphie » capable de révéler une altération des voies lymphatiques. Le cas échéant, on est alors face à un lymphœdème, sinon c’est un lipoedème. Enfin, les personnes touchées diffèrent également. Si la quasi-totalité des personnes atteintes de lipoedème sont des femmes – jusqu’à 17% de la population féminine dont 85 % de femmes obèses selon certaines études – le lymphœdème peut lui s’attaquer aux deux sexes, même s’il touche majoritairement de jeunes femmes.
…nécessitant des prises en charges bien distinctes
Pour le lymphœdème, la stratégie consiste avant tout à décongestionner les jambes par diverses techniques : bandages multicouches peu élastiques, drainages lymphatiques manuels, exercices sous bandages pour augmenter le débit lymphatique… et enfin port d’une compression élastique. Nommée « physiothérapie décongestive », cette stratégie s’opère en deux temps : une première phase intensive destinée à réduire le volume des jambes, puis une phase d’entretien pour stabiliser durablement le résultat obtenu.
Mais elle n’est pas adaptée au lipoedème dont la prise en charge s’avère souvent plus complexe : bandages peu efficaces, compressions élastiques souvent trop difficiles à enfiler et à supporter, etc. Heureusement, d’autres traitements efficaces peuvent être proposés : balnéothérapie, pressothérapie pneumatique… voire la chirurgie avec résection cutanée et liposuccions. Objectif : réduire les dépôts anormaux de graisse dans les zones comprimées. De quoi permettre ensuite l’utilisation plus aisée de compressions élastiques.
Pour toute autre question, demandez conseil à votre médecin.
Sources documentaires
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Fiche « Le lymphoedème primaire », Encyclopédie Orphanet Grand Public, 2007
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Vignes, Lipoedème : une entité mal connue, Journal des maladies vasculaires, 37, 213-218, 2012
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J-P. Okhovat, A. Alavi, Lipedema: A Review of the Literature, The International Journal of Lower Extremity Wounds, DOI: 10.1177/1534734614554284, 2014
Article publié le 05/12/2016 par Jean-Philippe Braly, journaliste scientifique et médical.