Lymphœdème et obésité
Si visuellement on peut trouver certaines similitudes entre le lymphœdème de membre et le bras ou la jambe d’une personne obèse, l’origine en est bien évidemment très différente.
Dans le premier cas il s’agit d’une diffusion de lymphe dans les tissus et dans le second du développement de tissus adipeux.
Mais lorsque les deux pathologies se superposent le traitement du lymphœdème par compression se complique… expliquant que non seulement l’obésité augmente le risque de développer un lymphœdème (après traitement d’un cancer par curage ganglionnaire par exemple), mais également elle aggrave celui-ci en rendant son traitement difficile.
L’obésité : un facteur de risque dans le développement d’un lymphœdème…
Une étude américaine récente (Fu MR et al., 2015) confirme que l’obésité est l’un des facteurs de risque de développer un lymphœdème après le traitement d’un cancer du sein. Portant sur le suivi de 140 femmes – parmi lesquelles environ 1/3 d’obèses, 1/3 en surpoids et 1/3 ayant un poids considéré comme normal selon le calcul de l’IMC* – un an après leur intervention chirurgicale, l’étude a montré que le lymphœdème apparaissait significativement davantage dans le groupe des obèses. Les auteurs de l’étude précisent qu’il avait été demandé aux patientes de maintenir leur poids stable par rapport à la période précédant l’opération et que la consigne avait été respectée dans 70% des cas, les autres ayant pour moitié perdu 5% de leur poids et pour les autres pris 5%. Il est aujourd’hui clairement démontré que la perte de poids réduit le risque de lymphœdème en lien avec le cancer du sein, et favorise également son traitement.
… mais aussi un facteur aggravant
La raison est essentiellement liée à la difficulté de mise en place du traitement par compression. En témoignent les orthésistes et pharmaciens orthopédistes en charge de l’appareillage des patients obèses. En effet, d’une part l’obésité augmente le volume du lymphœdème, mais par ailleurs le membre plus volumineux est également dysmorphique. A savoir qu’il présente de nombreux plis cutanés, surtout au niveau des articulations (chevilles, genoux, poignets et coudes) dont la morphologie se trouve modifiée. L’enfilage des compressions s’en trouve donc considérablement compliqué. S’ajoutent à cela la difficulté à prendre les mesures ainsi que le manque de souplesse et de mobilité, rendant parfois le traitement presque impossible. Or la réduction du volume du membre et sa stabilisation est essentielle au traitement d’entretien.
L’enfilage de la compression apparaissant comme un problème majeur chez le patient obèse, quelques astuces sont préconisées telles qu’utiliser des gants de caoutchouc rugueux et un enfile bas métallique. L’aide d’une tierce personne s’avère cependant souvent indispensable.
Ainsi, lorsque l’on se retrouve dans une situation où lymphœdème et obésité se télescopent, il s’agit de trouver un compromis entre efficacité, tolérance et capacité du patient à enfiler et porter les compressions
*L’indice de masse corporelle (ou IMC) est un indicateur permettant d’estimer la corpulence d’une personne et d’évaluer l’état de surpoids ou d’obésité. Il se calcule en divisant la masse (en kg) par la taille au carré. Soit pour un individu pesant 70 kg et mesurant 1,70m : IMC = 70 / (1,70 x 1,70) = 70 / 2,89 = 24,22. L’obésité est définie par un IMC >30 kg/m2 et le surpoids par un IMC compris entre 25 et 30kg/m2
Pour toute autre question, demandez conseil à votre médecin.
Sources documentaires
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Patterns of Obesity and Lymph Fluid Level during the First Year of Breast Cancer Treatment: A Prospective Study
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A Randomized Controlled Trial of Weight Reduction as a Treatment for Breast Cancer-related Lymphedema
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Randomized Controlled Trial Comparing a Low-Fat Diet With a Weight-Reduction Diet in Breast Cancer-related Lymphedema
Article publié le 5 octobre 2016 par Nathaly Mermet, journaliste scientifique et médicale.