Peut-on avoir recours à la greffe ?

Peut-on avoir recours à la greffe ?
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Le transfert microchirurgical de ganglions lymphatiques ou greffe autologue de ganglions est une stratégie de traitement du lymphœdème. Quelle est son efficacité ? Qui peut en bénéficier ? Quid des effets secondaires ? Réponses.

Paragraphes

Le transfert de ganglions lymphatiques, également appelé transfert microchirurgical ganglionnaire vascularisé, consiste à transférer des ganglions lymphatiques sains et fonctionnels, prélevés d’un site vers la zone affectée, afin de restaurer la fonction lymphatique dans le membre. « Il s’agit d’une autogreffe réalisée à partir d’une masse tissulaire graisseuse contenant des ganglions sains et leurs vaisseaux nourriciers », explique le Dr Corinne Becker à l’origine de cette technique. « Le greffon est transplanté au niveau de la région ganglionnaire, au sein de laquelle la fonction lymphatique est diminuée ou absente ».

Qu’il s’agisse d’un lymphœdème primaire ou secondaire, la greffe de ganglions peut être envisagée(1). Les patients présentant un lymphœdème résistant à la kinésithérapie, des infections chroniques, un lymphœdème du sein et/ou des douleurs peuvent bénéficier d’une greffe ganglionnaire. De même, si une reconstruction du sein est souhaitée après une mastectomie.

Une efficacité significative

La greffe de ganglions est un traitement chirurgical qui apporte une amélioration dans 98% des cas(1), comme en témoigne Alexandra, 40 ans, souffrant d’un lymphœdème secondaire à la jambe. « Dès la sortie du bloc opératoire, le changement a été immédiat, ma jambe était transformée ! L’aspect de la peau plus souple ne faisait aucun doute sur la réussite de l’intervention et j’ai été surprise de sentir de nouveau les sensations du toucher sur ma peau redevenue vivante ».

Un an après la greffe, une croissance de nouveaux vaisseaux lymphatiques est visible par IRM. En effet, les ganglions lymphatiques sains contiennent un facteur de croissance naturel qui favorise le développement de nouveaux vaisseaux lymphatiques. Ils restaurent également le rôle immunologique du système lymphatique dans les tissus endommagés. Les infections chroniques diminuent (dans 90% des cas), voire disparaissent totalement (68%)(1). Enfin, « si le lymphœdème est très organisé, dur et fibreux, les résultats peuvent être remarquables, toutefois on est moins sûr d’obtenir une guérison complète que dans les cas de lymphœdèmes non fibreux, comme ceux qui touchent les enfants », précise le Dr Becker.

Lymphœdème et greffe

Des effets indésirables irréversibles

Bien que la greffe de ganglions soit efficace dans le traitement du lymphœdème et présente de nombreux avantages, il subsiste des risques d’effets secondaires postopératoires(2), souvent irréversibles, qu’il convient de considérer :

  • Lymphœdème du membre et sérome(1) (accumulation de sérum dans un tissu ou un organe) localisé au site donneur
  • Lymphocèle (accumulation de lymphe dans une cavité apparaissant en postopératoire suite à une brèche au niveau d’un vaisseau lymphatique)(3)
  • Hydrocèle (accumulation de liquide dans une « poche » entourant le testicule)(4) nécessitant un traitement chirurgical
  • Douleurs chroniques ou perte de sensibilité du site donneur
  • Infections postopératoires (dans 1% des cas)(1)
  • Douleurs persistantes sur le membre ayant le lymphœdème
  • Aggravation d’une plexopathie radique préexistante

Il est donc nécessaire d’évaluer l’efficacité de ce traitement chirurgical pour en apprécier le rapport bénéfice/risque.

Pour toute question, demandez conseil à votre médecin.

Sources documentaires

  1. Site Lymphœdema center
  2. Blanchard M et al. Effets indésirables du transfert ganglionnaire autologue au cours des lymphœdèmes des membres. À propos de 26 patients. Journal des Maladies Vasculaires, septembre 2012. Volume 37, n° 5, page 263. Doi : 10.1016/j.jmv.2012.07.061.
  3. Site du réseau oncologie hématologie du Limousin
  4. Site de l’association française d’urologie